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An III de l’insurrection: les Burkinabè s’en souviennent, mais avec un goût d’inachevé


Du 26 au 31 octobre, les Burkinabè ont commémoré le troisième anniversaire de l’insurrection populaire. Sur un goût d’inachevé et beaucoup plus divisés qu’ils ne l’étaient auparavant. Entre insurgés d’une part, et entre insurgés et ceux qu’on considère de non-insurgés d’autre part. Dommage!

Il est dix heures pile quand sonne la sirène sur l’ensemble du réseau des radios synchronisées pour la minute de silence. Tous les Burkinabè avaient été invités à observer cette minute de silence sur l’ensemble du territoire en hommage aux martyrs de ces deux dates (30 et 31 octobre). Mais dans les rues de Bobo-Dioulasso par exemple, les populations, comme si de rien n’était, vaquent tranquillement à leurs occupations. Apparemment, ils sont nombreux à ne pas être au courant. D’autres par contre ne se sont pas sentis concernés. Mieux encore, d’autres n’ont pas hésité à dire haut et fort qu’ils ont plus de problèmes quotidiens que ce qu’on leur demande. En effet, les Burkinabè n’ont pas eu et n’auront jamais la même compréhension des évènements des 30 et 31 octobre si les uns considèrent qu’ils ont vaincus, les autres non. Là où les uns parlent d’insurrection réalisée par un peuple insurgé en quête de démocratie et de justice sociale, les autres parlent de coup d’Etat et d’exclusion d’une partie des Burkinabè. Si, sous la transition l’opposition post-insurrection était solidaire autour de la question, lors des deux dernières commémorations, ce ne fut pas le cas. Pendant que les partis de la majorité présidentielle invitent les Burkinabè à barrer la route aux déstabilisateurs du pays et leur demandent d’observer une minute de silence et de participer à la pose de gerbes de fleurs au monument des Martyrs, les autres partis de l’opposition dont le principal, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) appellent à se démarquer d’un «folklore». Dans les marchés, dans les familles, en ville comme en campagne, les opinions et les perceptions de l’après trois ans de l’insurrection ne sont pas les mêmes. Ce qui est tout à fait normal car, comme nous le disions plus haut, l’insurrection n’a pas été perçue et sera difficilement comprise de la même manière par les Burkinabè. Ce qui peut sembler encore plus préoccupant, est qu’au fur et à mesure que les années passent, les positions sur l’insurrection populaire, au lieu de converger vers un objectif commun comme c’est le cas par exemple avec le 3 janvier, ici elles se radicalisent et le fossé se creuse de plus en plus. Entre ceux qui se qualifient d’insurgés et qui campent et surfent sur leur insurrection et ceux qui selon eux, ne le sont pas et qui sont à mettre de côté. Comme s’ils étaient des sous-Burkinabè. Peut-il en être ainsi pendant combien de temps? Même les blessés et les parents des décédés se plaignent. Pendant que d’autres vivent grassement de l’insurrection. Aussi, il nous semble urgent d’accélérer autant que possible vérité, justice et réconciliation pour qu’enfin, en lieu et place de la politique politicienne de positionnement et de ventre, nous engagions de réelles politiques de développement.

Dabaoué Audrianne KANI/EXPRESS DU FASO
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