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Situation au Togo: le mercure monte toujours


A Lomé, la capitale du Togo, lors de la manifestation du 20 septembre 2017.
A Lomé, la capitale du Togo, lors de la manifestation du 20 septembre 2017. CRÉDITS : MATTEO KOFFI FRASCHINI/AFP

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Lomé, mercredi 20 septembre, ainsi que dans d’autres villes du centre et du nord du Togo. Elles répondaient à l’appel de l’opposition pour demander le départ du président, Faure Gnassingbé, et le retour à la Constitution de 1992. Dans la foule se dressaient des pancartes portant les inscriptions : « Faure must go » ou encore « Libérez mon pays, 50 ans, ça suffit ! », en référence au long « règne » des Gnassingbé, père et fils.

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A Mango, dans l’extrême-nord du pays, un enfant a été tué lors d’un rassemblement qui n’avait pas été autorisé et 25 personnes ont été blessées, dont dix par balles, selon une source proche de la présidence. Les blessures auraient été causées par des « fusils de chasse » et « des fusils à balles », selon cette source s’exprimant sous couvert d’anonymat, qui a tenu à préciser que les forces de l’ordre « ne détiennent ni l’un ni l’autre ». En revanche, a-t-elle ajouté, « deux tireurs supposés appartenir au Parti national panafricain [PNP] » de l’opposant Tipki Atchadam sont « activement recherchés ».

« Un enfant de 9 ans a été tué par balle à Mango », a confirmé François Patuel, chercheur pour Amnesty International, ajoutant que l’ONG « appelle à l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur les circonstances de sa mort et l’usage excessif de la force par les forces de sécurité ». Une ONG togolaise proche de l’opposition, les Observateurs des droits de l’homme, a assuré que les forces de l’ordre avaient ouvert le feu sur des manifestants et procédé à de nombreuses arrestations.

« Nous irons jusqu’au bout »

Dans la capitale, plusieurs milliers de manifestants ont répondu à la demande de l’opposition de ne pas relâcher la pression sur le pouvoir après les marches historiques des 6 et 7 septembre, qui avaient rassemblé plus de 100 000 personnes à Lomé, selon le décompte d’Amnesty International, pour la seule journée du mercredi. « Les gens pensent que nous serons fatigués, mais ils se trompent. Nous irons jusqu’au bout de la lutte », a proclamé en fin de journée le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, appelant à de nouvelles mobilisations populaires les 26, 27 et 28 septembre, alors que des manifestations sont déjà prévues ce jeudi.

Des gendarmes et des militaires, sur des pick-up équipés de mitrailleuses lourdes, encadraient la marche, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les communications par messagerie mobile ainsi que l’utilisation de la 3G étaient quasiment impossibles. Selon François Patuel, « l’application de messagerie WhatsApp est bloquée depuis mardi soir et l’Internet mobile a été coupé depuis [mercredi] matin. Cela constitue une violation du droit à la liberté d’expression et entrave le travail des journalistes et militants des droits humains sur le terrain ».

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« On n’est pas des djihadistes, on n’est pas des rebelles. On veut juste la démocratie », a déclaré à l’AFP Abdallah, 42 ans, partisan du PNP de Tikpi Atchadam, qui a réussi à se construire une forte base populaire, notamment issue du centre et du nord du pays, à majorité musulmane, historiquement attachée au pouvoir en place. Selon les Observateurs des droits de l’homme, des manifestations ont été dispersées dans deux villes du nord, Bafilo et Kara – fief de la famille du président Faure Gnassingbé.

Un « coup d’Etat » de la rue

Les manifestants dénoncent le projet de révision constitutionnelle voulu par le pouvoir, qui prévoit notamment de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, mais de manière non rétroactive, ce qui permettrait au président Faure Gnassingbé, à la tête du pays depuis 2005, de se représenter en 2020, voire en 2025.

Mardi, à l’Assemblée nationale, les députés de l’opposition ont boycotté le vote du texte, dénonçant un « simulacre de plénière » par la voix de son porte-parole, Eric Dupuy. N’ayant pas obtenu les quatre cinquièmes des voix requises au Parlement, le projet de révision sera donc proposé au peuple togolais par référendum « dans les prochains mois », selon un membre du gouvernement.

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« Nous ne voulons pas de référendum, nous sommes en train de faire notre référendum dans la rue déjà », a expliqué Alex, jeune manifestant de Lomé. De son côté, le gouvernement togolais, qui dénonce un « coup d’Etat » de la rue par la voix de son ministre de l’information, Guy Lorenzo, a mis en garde l’opposition contre la présence de « personnes de nationalités étrangères en vue de participer à des actes de violences » lors des marches et lui a demandé de « faire preuve de retenue et de responsabilité ».

5 000 francs CFA pour manifester

Le parti présidentiel, l’Union pour la République (UNIR), qui avait appelé ses militants à témoigner leur soutien à Faure Gnassingbé les mêmes jours que les manifestations de l’opposition, a réuni un millier de personnes mercredi matin.

« Ça nous fait plaisir d’être là, c’est notre parti, a déclaré à l’AFP Georgia, militante de 34 ans. Nous, on est pacifiques. » Justin, un jeune manifestant de l’UNIR, a toutefois confié à l’AFP avoir reçu 5 000 francs CFA (7,50 euros) pour participer à ce rassemblement, ce que ses camarades ont confirmé. La moitié des Togolais vivent sous le seuil de pauvreté, selon les Nations unies.

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Le président Faure Gnassingbé a succédé en 2005 à son père, Eyadéma, qui était resté trente-huit ans au pouvoir avec l’appui de l’armée et en modifiant la Constitution. De violentes manifestations et une féroce répression avaient suivi cette succession. Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés.

Source: lemonde.fr

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